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French Tech : un écosystème en manque de carburant ?

arthurgeay

Après une décennie de croissance fulgurante, la French Tech fait face à un retournement brutal : après un pic à 13,5 milliards d’euros levés en 2022, les financements ont chuté de 38 % en 2023, puis de 7 % en 2024.


Si la France reste attractive dans des secteurs stratégiques comme l’IA ou le quantique, elle peine à financer ses startups en phase d’expansion. Les séries C et au-delà restent sous-financées, forçant les startups à se tourner vers des fonds étrangers. À terme, la French Tech risque de devenir un simple vivier d’innovations pour les grandes puissances technologiques.


Le gouvernement veut réagir, mais ces initiatives suffiront-elles à combler l’écart avec les États-Unis ?



Une correction brutale des levées de fonds depuis 2022

Après un pic à 13,5 milliards d’euros en 2022, les levées de fonds tech en France ont chuté de 42 % en deux ans pour atteindre 7,8 milliards en 2024, sous l’effet d’un contexte économique plus contraignant marqué par la fin de l’argent facile et la hausse des taux.



Si certaines startups comme Poolside (500 M€) et H (220 M€) parviennent encore à lever des montants significatifs, elles restent des exceptions soutenues par un mix d’investisseurs français et étrangers. L’ensemble du marché montre une fragmentation croissante, rendant plus difficile le financement des entreprises innovantes.

Un marché centré sur les premiers tours, mais un frein pour les scale-ups


Le problème majeur réside dans la faible présence d’investisseurs français sur les séries C et au-delà. Alors que 50 % des fonds français se concentrent sur le pré-seed, seed et série A, seuls 22 % s’engagent sur les phases d’expansion.


Cette frilosité découle de plusieurs facteurs :

• Une régulation stricte qui limite la prise de risque des fonds français.

• Une implication insuffisante des fonds de pension dans le capital-risque.

• Une culture d’investissement différente de celle des États-Unis, où les startups peuvent lever massivement jusqu’à leur entrée en bourse.


Conséquence : les startups françaises peinent à croître à l’international et deviennent dépendantes des fonds étrangers.


Une dépendance aux fonds étrangers, et la menace d’une attractivité croissante des États-Unis


Longtemps soutenue par des capitaux étrangers, la French Tech voit cette dépendance devenir un risque majeur. Les États-Unis captent déjà l’essentiel du capital-risque mondial et renforcent leur attractivité, détournant les financements internationaux au détriment de l’Europe.


En 2024, les startups américaines ont levé 38,3 milliards de dollars en IA générative, contre seulement 4,1 milliards pour toute l’Europe. Pire, les cinq plus grandes levées aux États-Unis totalisent à elles seules 16,9 milliards, soit quatre fois plus que l’ensemble du marché européen. Face à un écosystème jugé plus dynamique et structuré, les investisseurs internationaux recentrent leurs capitaux vers les États Unis, accélérant le décrochage européen.



Cette tendance fragilise la French Tech sur deux fronts :

1. Un assèchement des financements étrangers, de plus en plus captés par les scale-ups américaines.

2. Un risque de fuite des talents et des innovations, faute d’investissements suffisants en France.


Le secteur du quantique en est l’illustration : Pasqal (500 M€, fondé par Alain Aspect, prix Nobel de physique 2022) et Alice & Bob (100 M€) ont dû compter sur des fonds étrangers (Temasek, Aramco Ventures, Qatar Investment Authority). Mais si ces capitaux se détournent vers les États-Unis, qui financera l’émergence des champions français ?


Des modèles inspirants pour renforcer l’écosystème français


Face à cette situation, plusieurs pays ont mis en place des modèles efficaces pour soutenir leur tech :

États-Unis (SBIR) : programme public finançant la recherche appliquée des startups.

Canada : forte implication des fonds de pension dans le capital-risque, assurant plus de stabilité.

Royaume-Uni : facilitation des liens entre startups et grands groupes, comme Google avec DeepMind.


Quelques pistes pour éviter un décrochage irréversible


L’intelligence artificielle et les technologies émergentes ne sont pas seulement des innovations, mais les infrastructures économiques de demain. Si la France veut conserver son rôle dans cette transformation, elle doit accélérer son soutien aux scale-ups et réduire sa dépendance aux fonds étrangers.


Trois leviers prioritaires :

Renforcer les financements français pour les séries C et plus afin de garantir la souveraineté technologique.

Aligner capitaux publics et privés sur les secteurs stratégiques (IA, quantique).

Créer un cadre d’investissement attractif inspiré des meilleures pratiques internationales.

 
 
 

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