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Le paysage du Private Equity : dynamiques des Limited Partners

  • Photo du rédacteur: Laurie Laporte
    Laurie Laporte
  • 21 nov.
  • 4 min de lecture

L'écosystème du Private Equity (PE) repose sur la collaboration entre les General Partners (GPs) et les Limited Partners (LPs). Comprendre qui sont les LPs, d'où provient leur capital et où ils l'allouent est essentiel pour décrypter les tendances actuelles du marché.


Qui sont les Limited Partners (LPs) ?

Les Limited Partners (LPs) sont définis comme les investisseurs qui apportent des capitaux aux sociétés de gestion d’actif (ou GPs). Le rôle principal des LPs est d'apporter l'argent. Leur responsabilité est limitée, et ils disposent en retour d’un droit à l’information et aux distributions générées par le fonds. Ils sont principalement composés d’investisseurs institutionnels (fonds de pension, assureurs, fonds souverains, family offices, banques, etc.), mais intègrent de plus en plus des investisseurs particuliers. Bien que les investisseurs institutionnels détiennent la majorité des AuM - actifs sous gestion - (69% en 2023), on observe une tendance notable d'évolution de la source du capital. Entre 2019 et 2023, la part des clients particuliers dans les actifs sous gestion a progressé de +4 points de pourcentage par an, passant de 26,0 % à 30,8 %.


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Où va l'argent des LPs ?

En Europe, les LPs allouent leurs actifs principalement aux placements traditionnels : en 2023, les obligations représentaient la place la plus importante (35 % des actifs sous gestion) et les actions environ 33 %.Les placements alternatifs, en légère baisse entre 2022 et 2023, représentaient environ 26 % des actifs sous gestion en Europe en 2023. C’est dans cette catégorie que se trouvent les investissements tels que le Private Equity, représentant 3% du total des actifs gérés (en 2023).

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Tendance de désaffection et mutation des placements alternatifs

Bien que le Private Equity ait représenté une source de rentabilité significative, les intentions d’investissement des LPs dans ce secteur montrent un net recul au niveau mondial. En 2025, seulement 28 % des LPs interrogés envisagent de placer davantage leurs actifs en PE, contre 42 % en 2022. Représentant ainsi une baisse de -14 points de pourcentage entre 2022 et 2025. Entre 2022 et 2023, on a observé une baisse d'allocation des actifs vers le Private Equity de l’ordre de -2 %.

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Cette désaffection relative du PE fait partie d'une mutation plus large dans l'allocation des actifs alternatifs. La dette privée, quant à elle, devient de plus en plus attractive, gagnant +6 points de pourcentage dans l’intention d’investissement des LPs entre 2022 et 2025. En effet, la hausse des taux d’intérêt post covid n’a pas aidé le secteur du Private Equity. Historiquement, on observe une corrélation négative claire entre l'investissement net en PE et le taux d'intérêt mondial. En effet, à mesure que les taux augmentent, le financement par dette devient plus coûteux, les exigences de rendement net des LPs se renforcent et leur sélectivité s’accroît, ce qui limite leurs nouveaux engagements en Private Equity.


Sélectivité et difficulté de lever des fonds en Private Equity

Le ralentissement de l'investissement en PE s'accompagne d'une sélectivité accrue et d'une concentration du capital, reflétant la nécessité pour les GPs d’offrir des portefeuilles de qualité et des thèses d’investissement élaborées pour attirer les LPs. La difficulté de lever des fonds se reflète clairement dans les statistiques européennes. Entre 2022 et 2024, le nombre de levées a diminué drastiquement de -25 % par an (soit une baisse de 139 levées). Dans le même temps, le montant moyen de levée par fonds a plus que doublé, passant de 310 M€ à 803 M€/fonds. Cette dynamique indique que moins de fonds réussissent à lever, mais les levées sont plus importantes. Les LPs font donc confiance aux acteurs bien établis du secteur dans une dynamique de réduction du risque.

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Même pour les premières levées (nouveaux fonds), le nombre d'entités a chuté fortement depuis 2022, avec seulement 22 fonds recensés en 2024. Parallèlement, le montant moyen des premières levées par fonds est en forte hausse depuis 2022 (+33 % par an), soulignant la difficulté pour les nouveaux entrants à se financer.

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Vers une démocratisation de la stratégie GP Stakes

Selon une étude de McKinsey, parmi les grandes stratégies de Private Equity, le GP Stakes (prises de participation dans des sociétés de gestion) est à la fois la plus rentable et la plus régulière pour les LPs. Le TRI (Taux de Rentabilité Interne) médian de cette stratégie d'investissement atteint 16,8%, soit le plus gros TRI médian parmi les stratégies possibles. De plus, l'écart de TRI entre les meilleurs fonds en GP stake (top 25% des plus gros TRI) et les moins bons (25% inférieurs) n'est que de 8 points: 20,9% vs 13%.

Le Buyout/LBO affiche un TRI médian proche (16,3 %) et le meilleur top 25 % (23,3 %), mais avec une dispersion plus forte (13 points).

Le VC et le Growth Equity offrent des rendements médians plus faibles et des résultats plus hétérogènes (respectivement 16 et 11 points d’écart).

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En pratique, le GP Stakes combine haut potentiel de revenu et moindre variabilité, ce qui en fait une brique crédible de stabilisation au sein des alternatifs. Le Buyout demeure le moteur de performance, tandis que VC et Growth relèvent davantage d’expositions opportunistes et plus risquées.

 

En bref, le paysage du Private Equity se transforme : le secteur se consolide, les LPs se diversifient, leurs allocations vers le PE ralentissent et la sélectivité augmente fortement. Dans ce contexte, seuls les GPs capables de proposer des stratégies claires et des portefeuilles solides continuent de capter l’essentiel des capitaux. Désormais, il s’agit de miser sur une croissance organique des entreprises au portefeuille plutôt que sur l’effet de levier par la dette (LBO). La montée en puissance de stratégies comme le GP Stakes, combinant rendement élevé et moindre volatilité, illustre cette recherche d’alternatifs plus stables dans un climat d’incertitude.

 

Sources : Global Private Markets Report 2025 (McKinsey), Asset Management Report 2024 (EFAMA), Global Private Equity Barometer (Coller Capital), European PE Breakdown Q3 2025 (PitchBook)

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